Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/93

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ils à Saturne et à Jupiter par tout l’ensemble de leurs caractères, masse, volume, densité, spectre, durée de rotation et aplatissement[1] ? Cet écart entre la classification naturelle des planètes et celle qui résulterait de l’hypothèse de M. Faye me paraît de nature à infirmer beaucoup la valeur de cette hypothèse par le caractère de système artificiel qu’elle lui impose.


4o Origine des comètes. — Les comètes, d’après M. Faye, appartiennent originellement au système solaire, tandis que Laplace en fait des corps étrangers appelés dans ce système par l’attraction du Soleil. Sans prétendre décider entre les deux théories, je ferai remarquer que le petit nombre des comètes reconnues périodiques semble un argument puissant en faveur de l’idée de Laplace, telle qu’elle a été complétée par les travaux de Schiaparelli, de Le Verrier et de tant d’autres.


On voit, en résumé, que les objections qui, après discussion, sont restées debout contre la théorie de Laplace, se représentent avec la même force contre l’hypothèse de M. Faye : difficulté de comprendre comment la matière d’un anneau a pu se rassembler en une planète unique, explication encore à chercher de l’obliquité des axes de rotation des planètes. En plus, il paraît difficile d’admettre la formation d’anneaux séparés ; les distances des planètes ne sont soumises à aucune loi, contrairement à l’opinion générale des astronomes ; et, reproche le plus grave à mon sens, la nouvelle théorie ne respecte pas la classification naturelle des planètes. En revanche, elle explique mieux que celle de Laplace comment la Terre a eu le temps de parcourir ses longues périodes géologiques ; formée au sein de la nébuleuse encore homogène et très rare, elle devait être arrivée déjà à un état de condensation fort avancée lorsque les matériaux du Soleil futur ont commencé à se réunir. Cependant il ne faut pas oublier qu’elle ne peut pas fournir aux périodes géologiques plus de 20 à 30 millions d’années, tandis qu’au dire de M. Faye lui-même, les géologues demandent au moins 100 millions d’années.

Il paraît donc bien difficile de se prononcer dès à présent en

  1. D’après M. Schiaparelli, l’aplatissement d’Uranus est 1/10,94 ± 0,67.