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planètes, quel qu’ait pu être le sens primitif de la rotation de la nébuleuse planétaire. Laplace le premier avait invoqué de telles marées dans le sphéroïde lunaire pour expliquer l’égalité rigoureuse des mouvements angulaires de rotation et de l’évolution de notre satellite.

Une action si puissante à l’origine a-t-elle complètement cessé ? Son action s’est-elle bornée à influencer la durée des mouvements de rotation ? Si elle existe encore aujourd’hui, dans quelles limites est-elle capable de modifier l’état actuel du système planétaire ? Toutes ces questions intéressent au plus haut degré la doctrine cosmogonique considérée, ainsi que je l’ai définie en commençant, comme embrassant l’origine et l’état futur et final du monde. L’introduction de la Thermodynamique dans la Science a déjà fait entrevoir la possibilité d’en trouver la solution. Je vais essayer de résumer brièvement les résultats acquis et les vues nouvelles qu’ils ouvrent sur l’origine de certains astres.

C’est le problème de l’accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune qui a rappelé l’attention des Astronomes sur l’influence des marées. Laplace avait fait remarquer qu’il suffirait pour expliquer cette accélération, dont la valeur est environ 12″ par siècle, d’admettre un ralentissement de la rotation de la Terre. Mais, ayant cru trouver d’autre part que la variation d’excentricité de l’orbite terrestre expliquait entièrement cette accélération et même lui assignait la valeur trouvée par l’observation, il en conclut : 1o que la Lune et la Terre n’ont pas toujours marché l’une vers l’autre en se rapprochant, mais que ce mouvement est périodique ; 2o que la durée du jour sidéral n’a pas varié d’un centième de seconde depuis le temps d’Hipparque. Plus tard, M. Adams en 1853 et Delaunay en 1864, firent voir qu’en réalité la quantité dont la variation d’excentricité de l’orbite terrestre fait varier le mouvement de la Lune n’atteint que 6″,1, résultat confirmé depuis par les travaux de MM. Victor et Pierre Puiseux. Il fallait expliquer les 6″ restantes.

C’est alors que Delaunay, reprenant l’idée première de Laplace, y vit la preuve d’un ralentissement réel de la vitesse de rotation de la Terre, qu’il attribua à l’action des marées, la viscosité et le frottement de l’Océan agissant sur le noyau solide à la manière d’un frein. On se rappelle les discussions d’un très haut intérêt que fit