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Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/10

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était rejeté. Il se sentit accablé par cette révélation. À partir de ce moment, il ne put plus prier. Quand les autres disaient le bénédicité à table, il prenait son couteau et sa fourchette pour montrer qu’il n’avait pas le droit de s’unir à leurs prières. Personne, pas même Mrs Unwun, ne comprit l’importance terrible de ce rêve. Personne ne se rendit compte en quel sens Cowper pouvait se dire unique ; comment il était séparé de toute l’humanité et restait seul dans sa damnation. Mais cette solitude eut un effet étrange. — puisqu’il n’était plus capable de donner une aide ou une direction — il était libre. Le Rev. John Newton, ne pouvait plus guider sa plume ou inspirer sa muse. Puisque la sentence était prononcée et la damnation inévitable, il pouvait jouer avec les lièvres, cultiver les concombres, écouter les commérages du village, tisser des filets, faire des tables, car qu’espérer, sinon passer les années