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Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/9

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des sujets religieux ou chantaient ensemble des hymnes ; puis, de nouveau, ils se promenaient si le temps était beau, ou lisaient et causaient s’il pleuvait ; enfin, le jour finissait par d’autres hymnes et d’autres prières. Telle avait été pendant de nombreuses années la routine de la vie de Cowper avec Mary Unwun. Quand ses doigts d’aventure, saisissant une plume, ils traçaient les vers d’un hymne ou s’ils écrivaient une lettre, c’était pour pousser quelque mortel égaré, par exemple son frère John à Cambridge, à chercher le salut avant qu’il fût trop tard. Cependant ces instances étaient peut-être de même nature que l’ancienne légèreté ; c’était une tentative pour écarter quelque terreur, pour amadouer quelque inquiétude profonde tapie au fond de son âme. Brusquement, la paix fut rompue. Une nuit, en février 1773, l’ennemi se leva ; il frappa une fois et pour toujours. Une voix redoutable appela Cowper en rêve. Elle proclama qu’il était damné, qu’il