Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/7

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coup, dans la fougue de sa jeunesse, une chose terrible était arrivée. Une morbidité provenant de quelque défaut physique se cachait sous cette légèreté et peut-être l’inspirait, une crainte qui lui rendait l’action insupportable et lui interdisait de se montrer en public. Si on le poussait à la vie active, et on lui avait confié une carrière publique à la chambre des lords, il devait s’enfuir, fût-ce dans les bras de la mort. Plutôt que d’accepter son poste, il se noierait ; mais quand il arrivait au bord de l’eau, un homme était assis sur le quai ; une main invisible éloignait mystérieusement de ses lèvres le laudanum qu’il essayait de boire ; le couteau qu’il pressait contre son cœur se rompait et la jarretière avec laquelle il essayait de se pendre à son lit le laissait tomber. Cowper était condamné à vivre.