Aller au contenu

Page:Wurtz - La théorie atomique, 1886.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iii
LA VIE ET LES TRAVAUX DE WURTZ

infirmité que l’âge lui eut apportée, et heureuse au milieu de ce cercle de famille charmant dont son fils faisait la vie.

Les premières années d’Ad. Wurtz s’écoutèrent dans le paisible et riant presbytère de Wolfisheim. On ne peut guère imaginer de conditions meilleures pour le développement normal d’un jeune garçon. Élevé au milieu des cultivateurs, il prenait part avec bonheur, quand l’occasion s’en présentait, aux travaux des champs et gagnait ainsi, avec une robuste santé et cette habitude des exercices du corps qu’il a conservée toute sa vie, l’amour de la campagne et le vif sentiment des beautés de la nature.

Le presbytère de Wolfisheim n’était d’ailleurs pas solitaire. Le voisinage de Strasbourg permettait de fréquentes relations avec les habitants de la ville. Le samedi soir amenait souvent la visite bienvenue des deux frères de Mme Wurtz, Th. Kreiss, le professeur dont nous avons déjà parlé, et Adolphe, le pasteur, accompagnés parfois d’autres amis, qui venaient passer le dimanche à la cure.

Les conversations animées auxquelles se livraient ces hommes distingués, toujours préoccupés de quelque question littéraire, artistique, philosophique ou religieuse, et la traitant à un point de vue élevé, ont dû contribuer beaucoup à Wolfisheim déjà, mais surtout plus tard à Strasbourg, au développement intellectuel et moral d’Ad. Wurtz. Ce qui est certain, c’est que son éducation ne donna pas de peine à ses parents, et que dans sa famille on ne se souvient pas qu’il ait jamais été puni. Ses relations avec sa sœur et son frère furent aussi toujours des meilleures, et, s’il fut fidèle à ses affections de famille, ses amis de jeunesse l’ont toujours retrouvé tel qu’ils l’avaient connu, alors même que le temps et les circonstances semblaient avoir mis une grande distance entre eux et lui.

Il était alors un charmant enfant, aimable et toujours gai, au regard franc, aux yeux brillants, la tête ornée de boucles brunes ; vif et alerte, il accourait en sautant au-devant des amis qui venaient jouir de l’hospitalité du presbytère.

La vie ainsi commencée continua sans grand changement dans la petite maison curiale de la place Saint-Pierre-le-Jeune, lorsque M. Wurtz père fut appelé à Strasbourg.

C’est à ce moment qu’Ad. Wurtz commença à suivre les classes du Gymnase protestant[1], établissement d’instruction secondaire fondé par Jean Sturm, à l’époque de la Réformation, respecté dans son indépendance par Louis XIV et par tous les régimes qui lui succédèrent, devenu français dans son enseignement, à mesure que la population strasbourgeoise le devenait elle-même de langage, comme elle l’était depuis longtemps de cœur, et sur lequel l’autorité allemande s’est hâtée d’abattre sa main pesante pour en faire un instrument de germanisation.

  1. Il entre en septième en juillet 1826.