Aller au contenu

Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Par Osiris ! s’écria l’égyptologue, votre momie me fait perdre l’esprit.

Le savant mit ses lunettes dans la poche droite de sa redingote, et étancha le sang qui coulait de son nez ; on s’empressait autour de lui, on lui apportait des serviettes, une cuvette pleine d’eau fraîche, on allait lui insérer une clé dans le dos, mais l’irascible Smith ne toléra pas longtemps cette intempestive sollicitude ; il remplaça ses lunettes par un lorgnon, appuya une serviette sous son nez, et alla, avec moins de brusquerie cette fois, vers le cercueil.

Au bout de quelques minutes, il poussa une nouvelle exclamation.

— Par le ventre d’Horus !

— Quoi donc ? demanda lord Charing.

Mais Smith avait repris son examen silencieux ; cinq minutes encore il étudia les hiéroglyphes du cercueil.

— C’est phénoménal ! s’exclama-t-il soudain.

— Quoi, M. Smith ?

— Inconcevable !

— Mais encore…

— Inouï, mylord ! inouï ! Où avez-vous trouvé cette momie ?

— Je vous le dirai ; expliquez-moi d’abord le motif de votre surprise.

— Vous ne le comprenez pas ? dit avec vivacité l’impétueux vieillard. Vous n’avez donc montré votre momie à aucun égyptologue ? Personne ne vous a lu ces hiéroglyphes ?

Et il désignait les peintures inscrites sur le cercueil de bois.

— Non. Personne ne les a encore examinés.

Smith se frotta joyeusement les mains.

— Parfait Quelle admirable trouvaille, mylord !

» Une momie royale, fille d’Aménophis IV ou Khounaten l’hérésiarque ! Une prêtresse d’Aten ! Anubis soit loué !

» Je crois cet exemplaire unique au monde.

— Ainsi, monsieur Smith, la momie vous paraît convenable ?

— Admirable, mylord ! Échantillon unique.

— Et vous l’acceptez pour le British Museum ?

— Sans la moindre hésitation !

— Ne vous engagez pas avant de connaître son histoire. Je me reprocherais de vous laisser accueillir l’hôte que j’envoie au