Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/133

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bre. Nefert-thi était près de lui : elle lui tenait la main, il attira doucement vers lui la jeune fille, et la pressa sur son cœur ; il sentait contre sa poitrine la résistance de sa chair. Elle n’était plus un fantôme insaisissable… à la condition qu’il devint une ombre comme elle.

Qui dira la douceur d’un premier baiser ? Nefert-thi approcha ses lèvres de celles de Rogers et leurs haleines se mêlèrent dans la joie infinie de l’exquise caresse.

— Je t’aime, Ameni ! Depuis trente fois cent ans, mon âme attend le moment de te revoir, de renouer la chaîne brisée de notre amour. Viens ! Il ne nous sera possible d’être l’un à l’autre qu’après l’heure de ma résurrection. Viens, mais auparavant, regarde !

Et Rogers, très ému, vit son corps étendu sur le lit : il était pâle, avait le nez aminci, les lèvres blanches, les yeux enfoncés.

— Ne t’effraye pas. Viens ! Aie seulement la volonté de me suivre. Qu’aucun obstacle ne t’arrête. Rien n’est infranchissable maintenant pour toi.

Rogers, tenant la main de Nefert-thi, voulut la suivre partout. Aussitôt il se trouva dans la salle du musée où il avait chaque jour l’habitude de se rendre. L’Égyptienne s’approcha de la vitrine où était sa momie.

— Voilà ce qui reste de moi, dit-elle pensivement. Qui reconnaîtrait dans cette chose noire et desséchée celle dont tu vois l’image toujours jeune ?

— Je te vois belle et fraîche, comme si le sommeil seul avait abaissé tes paupières.

— Je le sais, Ameni. C’est à ce signe que je t’ai reconnu. Tes yeux ont conservé l’empreinte ineffaçable de ma beauté d’autrefois.

— Sans doute t’ai-je moi-même reconnue, et je n’ai vu que celle dont le souvenir était encore vivant dans mon âme ignorante.