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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/139

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à la salle III et prends la résolution d’y être.

Rogers obéit, mais sans doute il ne savait pas vouloir comme il convient, car il se trouva suspendu dans l’air, au milieu d’une rue presque déserte ; il était à la hauteur d’un troisième étage.

Il eut une peur terrible, il s’imagina qu’il allait tomber et se briser sur le pavé, près de deux policemen dont il apercevait la forme raccourcie au-dessous de lui. Ils étaient pareils à deux nains trapus. Rogers poussa un cri, s’accrocha à Nefert-thi, qui le tenait par la main.

L’Égyptienne riait de tout son cœur.

— Rassure-toi, tu ne risques rien ! Ton corps ne pèse pas plus que ces graines légères dont le noyair, entouré de soies brillantes, vole dans l’air, entraîné par la brise. Aie donc la volonté d’être au musée. Suis ta route habituelle, en imagination, puisque tu ne sais pas encore supprimer complètement les distances.

Rogers essaya. Il lui sembla qu’il volait rapidement dans les rues de Londres, il traversa les murailles du musée et ne reprit sa tranquillité que dans la salle III.

Nefert-thi continuait à sourire en se moquant de lui.

— Ton cœur a faibli, tu as eu peur. Cela est indigne du guerrier que tu fus autrefois.

— Oui, j’ai eu peur quand je me suis vu volant comme un oiseau.

Elle s’approcha de Rogers, lui mit la main sur l’épaule et l’entraîna.

— Souviens-toi de ce que nous avons fait dans les journées passées.

— Je t’ai enseigné mon langage, Nefert-thi.

— Oui, et tu m’as tout de suite appris des mots de tendresse. Puis tu as irrité le vieux dont l’œil est cerclé d’or et cuirassé de cristal.

— Ce sont là des lunettes, Nefert-thi.

— Des lunettes ? lunettes… répéta-t-elle.