Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/177

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prêtait l’ombre, il n’était sensible qu’à la perte cruelle dont son cœur était frappé.

Je surprendrais beaucoup le lecteur intelligent et réfléchi si je lui affirmais que l’enquête de la police donna d’excellents résultats. Je ne me permettrai pas dans un récit où je m’efforce de ne pas imposer à sa crédulité des efforts difficiles, de lui dire des choses par trop invraisemblables.

Non, malgré mon respect pour la police, malgré mon admiration en général pour le courage et le dévouement de tous les agents et mon estime en particulier pour ceux que je connais, le souci de la vérité m’oblige à confesser que la Sûreté ne vit que du feu dans le vol de la momie.

On constata que le précieux objet, avec tous ses accessoires, avait dû être enlevé :

1o Entre dix heures et dix heures et demie du soir ;

2o Par deux ou plusieurs personnes ;

3o À l’aide de fausses clefs ;

4o Dans une maison habitée, et enfin que :

5o Ce coffre avait dû être descendu par la fenêtre.

La précision de ces constatations causa une grande satisfaction à l’autorité qui les considéra comme un succès véritable, l’identité des voleurs et la reprise de l’objet volé étant choses secondaires.

Et Rogers resta seul.

Son désespoir était navrant. Le coup qui le frappait était si imprévu, si soudain, si cruel pour son imagination amoureuse, qu’il demeura plusieurs jours sans pouvoir réunir ses idées.

Il ne mangeait plus et ne dormait plus, ruminant sans cesse dans son esprit désolé le souvenir des heures exquises passées dans l’intimité de l’ombre, et l’amer regret de leur disparition.

Plus rien ne réussissait à Rogers, il était incapable de travailler, et il dut renoncer à écrire, pour le moment, les différents articles qui lui avaient été commandés.

En même temps ses économies, déjà entamées, furent englouties dans une catastro-