Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

phe financière ; il avait cru bien faire en prenant des actions d’une société fondée pour l’exploitation des mines d’émeraudes de la baie d’Hudson ; cette société fut mise en faillite.

Un mois ne s’était pas écoulé depuis la mystérieuse disparition de Nefert-thi que Rogers se trouvait dans la plus complète misère ; il ne pouvait exercer une profession manuelle et devait conserver son rang social.

Il chercha une situation, et sur le conseil d’un ami, il offrit ses services à l’école Primrose : le directeur de cet établissement ne put l’engager comme professeur de conversation en hittite ou en égyptien ancien, mais l’agréa en qualité de professeur d’anglais.

Pour rien au monde, il n’aurait consenti à solliciter des secours de sa mère irritée où de sa famille offensée. Il acceptait la lutte qu’engageait la malechance contre lui, résolu à ne pas plier devant elle, à opposer son énergie intelligente à la force brutale des choses, et déterminé à en triompher avec Nefert-thi retrouvée, ou à succomber dans la bataille sans amener son pavillon cloué au mât.

Il fallait d’abord vivre, et la vie intelligente n’était possible que grâce aux appointements que lui offrait l’école Primrose.

Il dut quitter Londres, ayant été attaché à l’école de Paris, où M. Primrose pensait qu’un orientaliste en renom serait un élément de prestige, ce qui est utile dans l’aimable capitale de nos voisins d’outre-Manche.

Et l’amoureux désolé de l’Égyptienne arriva un matin à Paris, avec ses hardes, son estomac creux et ses idées noires.

Il n’emportait qu’un trésor apparent, le manuscrit hittite, mais il avait en lui d’autres trésors cachés, plus précieux encore : sa jeunesse, sœur de l’espoir, et son énergie, mère du succès.

Il alla loger dans un hôtel réservé aux étudiants pauvres, en plein quartier latin,