Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/179

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près de l’Odéon, ami des poètes et du Luxembourg, où s’abrite la sagesse de la nation française, et il commença aussitôt ses leçons.

Dans la détente forcée de son intelligence, qui travaillait par routine, comme un cheval attelé à un manège de pompe, Rogers reprenait conscience de sa force latente, et les leçons de Nefert-thi, troublées par la douleur des premiers jours, revenaient à sa mémoire.

Le jeune, homme médita les paroles de l’Égyptienne. Comment avait-elle brusquement cessé de se manifester à lui ? Deux causes étaient également acceptables pour expliquer ce malheur. Ou elle ne voulait plus le revoir, ou elle ne pouvait plus se mettre en rapports avec lui.

Il écarta résolument la première hypothèse. Il avait foi en la demoiselle égyptienne, or la foi ne se raisonne pas, elle s’impose à notre conscience comme une donnée indiscutable ; elle est l’œuvre du sentiment qui nous domine et non du jugement qui est dirigé par notre raison.

Donc, puisque Nefert-thi ne pouvait plus venir vers Rogers, il devait aller vers elle, à l’aide de ces procédés mystérieux qu’elle avait commencé à lui révéler, mais il savait que ces procédés étaient périlleux.

La jolie magicienne immatérielle lui avait souvent répété ses conseils de prudence : « Ne t’aventure pas sans moi dans le royaume des ombres, il est plein de dangers terribles. »

Et Rogers, déterminé à retrouver Nefert-thi, ne voulait, parcourir ce royaume semé de chausse-trapes qu’avec la certitude de pouvoir déjouer toutes les embûches. Son éducation mystique était assez avancée pour qu’il pût savoir que le danger était réel, bien qu’il n’en connût pas exactement la nature.

Un guide, par conséquent, était nécessaire à son inexpérience : ce guide, il le trouverait à Paris. La capitale de la sceptique France n’était-elle pas l’asile préféré