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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/213

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quer à l’ombre ses scrupules, dont elle ne paraissait avoir aucune idée.

— Je craindrais d’offenser tes yeux en me déshabillant.

— Offenser mes yeux, Ameni ? Comment cela ?

— Blesser ta pudeur, chère Nefert-thi.

— Blesser ma pudeur ? Veux-tu dire que tu es atteint de quelque infirmité horrible à voir ?

» Je suis certaine du contraire, ami aimé, car je t’ai souvent admiré dans le palais de campagne du seigneur barbare, quand, tu faisais ta toilette alors que tu ne savais pas encore m’apercevoir.

— Et tu me regardais, mon amour ?

Rogers hésitait entre le sentiment d’approbation qu’il éprouvait pour le goût éclairé de son admiratrice et celui de blâme qu’il ressentait à l’idée du peu de réserve dont elle témoignait.

— Mais certainement, Ameni ; seuls, les gens disgraciés de la nature ont à rougir de leur corps et doivent le cacher pour ne pas choquer les regards des autres.

— Nous ne considérons pas les choses au même point de vue, ma jolie Nefert-thi ; nos coutumes sont plus sévères pour la décence.

Et il regarda la jeune fille dont la tunique transparente laissait voir les formes gracieuses, aux seins arrondis, aux hanches minces et aux jambes nerveuses. Et il éprouva un sentiment de gêne plus marqué encore que d’habitude.

— J’ignore les usages des barbares au milieu desquels tu as souvent vécu ; mais je les apprendrai et m’y conformerai. Si mes regards t’offensent, je détournerai les yeux.

» Écoute, ami, le danger est grave, chaque minute le rend plus redoutable. Je ne veux pas que les adversaires te surprennent dans ton sommeil, ici, où leur puissance est cent fois plus grande que là-bas, au delà des mers, vers le septentrion, d’où nous venons. »

Rogers essayait de rassurer son amie, mais elle ne cessait de lui répéter qu’un