Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/225

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— Tu es folle !

— Elle t’aime… et toi-même… Mais je ne suis pas jalouse parce que j’ai des projets sur la jeune barbare ; je veux lui rappeler qu’elle doit m’obéir et m’aider.

» C’est une fille de ma race qui a oublié son origine dans l’Amenti n’ayant pas su atteindre la maison éternelle d’Aten ; l’engrenage des vies l’a reprise, comme il t’a repris. Mais elle viendra te retrouver ici, dans la nuit. Je l’amènerai.

— Oh ! non ! non !

— Pourquoi non ? Tu pourras en faire ta seconde épouse, Ameni.

— Cela ne nous est pas permis maintenant.

— Que dis-tu ? Alors les hommes de ton pays ne peuvent avoir qu’une seule épouse ? Que font-ils si elle est stérile ?

— Tant pis pour eux.

— Et quand elle est vieille et ridée… il faut… c’est impossible !

— Cela est pourtant.

Nefert-thi se mit à rire.

— Les hommes ont alors beaucoup changé depuis ma mort, s’ils peuvent se contenter d’une femme. Nous ne sommes pas jalouses de ce que tu crois, nous sommes jalouses seulement de nos droits de première épouse et nous voulons être maîtresses chez nous.

» La fille blonde du pays dont nous venons était une ambitieuse, mais je connais Merytaten, et je sais qu’elle me sera soumise ; j’en aurai peut-être besoin.

La conversation des deux amoureux devint alors plus tendre. Nefert-thi s’assit auprès de Rogers, en lui chantant une vieille chanson égyptienne : il s’alanguissait, bercé par la voix mélodieuse de l’ombre.

Le doux sommeil fuyait Magda ; son esprit ne pouvait s’abstraire des propos échangés avec le compagnon qu’elle venait de quitter. Les heures passaient, la nuit précipitait sa course…