Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/229

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— Ah ! mademoiselle, je ne puis vous les dire encore. Plus tard, si on me le permet, je parlerai.

— Qui, on ?

— Quelqu’un que je ne puis pas nommer.

— Un revenant, alors ?

— Je vous assure, chère mademoiselle Magda, que si je me croyais autorisé à vous faire des confidences, je ne vous cacherais rien, car je voudrais vous satisfaire, même dans vos fantaisies les plus irréalisables. Mais il m’est impossible de vous dire ce qui n’est pas mon secret.

— Je le connais, votre secret.

Rogers tressaillit et Magda comprit qu’elle avait dépassé les limites convenables ; elle se tut, regardant de temps en temps la belle figure énergique et pensive de son compagnon de route. Une gravité soudaine avait donné de la rigidité à ses traits, accentué le pli volontaire de ses lèvres.

Le dîner fut silencieux. M. Roberty se retira aussitôt après, et Magda suivit l’exemple de son père.

Enfermée dans sa chambre, elle étouffait ; d’ailleurs la chaleur, ce soir-là ; était torride, car le vent du sud soufflait, transformant la plaine d’El-Amarna en une véritable fournaise.

Elle se dévêtit, ne gardant qu’un léger peignoir de soie et des babouches, puis s’étendit dans un fauteuil oscillant ; elle s’éventait tout en donnant au rocking-chair un rapide mouvement de va-et-vient, et en se balançant elle songeait.

Elle songeait que les réponses de l’Anglais étaient claires : la visiteuse qui causait avec lui n’appartenait pas au monde des vivants… Et Magda regrettait maintenant de ne l’avoir pas plus longtemps examinée… les occasions de voir un fantôme authentique sont si rares aujourd’hui !

— Magda ! Magda !