Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/240

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sabilité dans une entreprise où votre raison, votre vie peut-être, seraient en jeu. »

Mais Magda reprit, avec une impressionnante fermeté :

— Merytaten a pris la place de Magda, et la vassale de Nefert-thi fera ce qu’a commandé sa maîtresse. Elle sera avec vous, Améni, et si vous périssez, elle doit périr comme vous.

Rogers éprouva une joie profonde en écoutant les mots que modulait la douce voix. Toutefois il insista encore, mais la jeune fille ne voulait rien entendre, et quand M. Roberty survint, appelant l’Anglais au travail, ce fut Merytaten qui serra longuement la main d’Améni en lui disant :

— À cette nuit !

Le sort était jeté.

Les grandes décisions qui modifient profondément le cours de l’existence sont souvent prises avec une rapidité extrême, presque sans réflexion.

Plus tard, quand on examine les conséquences de ces décisions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, on a l’impression qu’elles ont été nécessaires et qu’il n’y avait aucun moyen d’en prendre d’autres ; elles sont l’expression de la fatalité.

Curieuse et mystique, Magda était attirée par le mystère dans lequel elle avait pénétré. D’un autre côté, elle éprouvait pour Rogers des sentiments sur la nature desquels aucun doute n’était possible ; il est fort probable que l’amour fut le mauvais conseiller qui lui persuada sournoisement d’associer son sort à celui du jeune Anglais.

Voilà pourquoi, lorsque la nuit eut plongé le bon archéologue dans un sommeil profond, Magda, plus décemment vêtue que la veille, entra dans la chambre de Rogers, où l’appelait la voix résolue de Nefert-thi.

— Salut, Merytaten ! Salut et prospérité pour toi.

— Salut, Nefert-thi ! À toi la vie, la santé et la force !

— Je te remercie d’être venue ; es-tu prête ?