Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/244

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les rayons d’Aten la transforment en nuages et en pluie, et elle retombe sur les montagnes où le fleuve prend sa source et redescend pour féconder encore le travail des laboureurs.

» Et ce mouvement incessant est l’Amour : amour du soleil pour la vapeur qui s’élève vers lui, amour de l’eau pour la terre vers laquelle elle retombe. De ce double amour naît, la pluie qui vivifie le sol, et le nuage est le lit nuptial où le soleil s’unit à la terre.

» Ainsi Merytaten, Nefert-thi et moi, qui voulons le mouvement, nous sommes l’Amour et nous obéissons à Râ-Aten ! Tantôt il brille au ciel, tantôt il descend sous la terre ; ainsi nous voulons tantôt vivre et tantôt mourir pour ne pas demeurer semblables à nous-mêmes, mais pour devenir meilleurs et plus savants à chaque vie nouvelle, qui est un jour nouveau.

» Je te vaincrai, Minamoun. Tu vois maintenant la cause de ton ignorance, et dans ton intérêt je vais la faire cesser.

» Je te détruirai toi et les tiens, c’est-à-dire que je détruirai seulement ce qui s’oppose à ta marche vers la lumière, je détruirai vos momies où vos rites ont enchaîné vos âmes. »

La consternation se peignit sur le visage des prêtres de Râ ; ils firent des gestes suppliants, ils se jetèrent aux genoux des trois ombres qui lisaient leurs prières, mais ils ne purent fléchir Ameni qui discernait leur bien, et le voulait malgré eux.

— Allez ! disait sa pensée sans colère, vous me remercierez bientôt.

Et les ombres aveugles se dissipèrent en poussant des gémissements funèbres.

S’adressant alors à ses compagnes, Rogers leur dit :

— Ne demeurons pas plus longtemps loin de nos corps, car je n’ai pu que momentanément chasser nos ennemis, et nous ne serons en sécurité qu’après la destruction de leurs momies, support de leur existence magique.