Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/263

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frapper la prêtresse ; Améni, voyant le geste homicide, arracha l’arme des mains du meurtrier et la lui enfonça dans la gorge ; le sang du misérable inonda Nefert-thi et son défenseur.

Et la vision disparut.

Rogers se retrouva dans les ruines du temple ; à ses côtés était une jeune fille vêtue comme Nefert-thi d’une tunique ouverte par devant ; ses bras, ses jambes, son cou, étaient ornés des bijoux de la momie, une écharpe de lin couverte de broderies anciennes enveloppait sa figure.

Elle se démasqua… dans l’aube qui naissait, Rogers reconnut Nefert-thi vivante ; il la prit dans ses bras et l’embrassa, elle lui rendit ses baisers.

— Est-ce toi, est-ce toi, bien-aimée ?

— Oui, Améni, c’est moi. L’œuvre est heureusement terminée. Rentrons vite.

Ils revinrent au village. Rogers s’aperçut en chemin que sa compagne avait le teint plus clair qu’autrefois quand elle n’était qu’une ombre…

Elle rappelait un peu Magda, mais c’étaient bien cependant les traits de l’Égyptienne.

Un inexplicable sentiment unifiait dans la ressuscitée le double amour qui avait partagé son cœur.

Ils marchaient, tendrement enlacés, silencieux et cependant communiquant ensemble par leurs âmes émues ; Rogers ne se lassait pas de contempler le doux visage de Nefert-thi, son corps élégant et l’harmonie de ses formes qu’il pouvait étreindre sans en ruiner le fragile édifice.

Ils approchaient du village ; M. Roberty, le médecin, des Arabes, accouraient à leur rencontre. Nefert-thi arrêta Rogers.

— Écoute, Améni, j’ai dû pour l’œuvre magique prendre la chair et le sang de Magda.

» Son corps a disparu, mais les éléments en ont été employés pour refaire le mien ; il en résulte des ressemblances telles que le vieillard va me reconnaître pour sa fille.

» Il ne faut pas que nous l’attristions ; laissons-lui l’illusion consolante… Je ne dirai pas que Magda-Merytateri n’est plus et j’appellerai le vieillard mon père.

» Répandons la joie autour de nous, Ameni, puisque la joie est dans notre cœur,