Smith se renversa sur sa chaise en riant bruyamment.
— Une momie royale ! Que Seth m’emporte si tous ces amateurs ne sont pas pareils ! Une momie royale !
— Parfaitement, reprit lord Charing, que l’aigre entêtement du savant commençait à amuser.
— Vous ignorez que le gouvernement égyptien interdit l’exportation des échantillons précieux ?
— Je le sais.
— Eh bien ! Vous avez acquis récemment cette momie. Par conséquent, si on a autorisé son exportation, cela signifie que votre momie est ordinaire, donc indigne de figurer au British Museum.
Lord Charing ouvrit l’œil droit et laissa tomber son monocle ; il le remit lentement, et considéra pendant un instant son interlocuteur.
— Vous verrez ma momie, monsieur. Je doute que vous en ayez une aussi belle.
Cette affirmation scandalisa Smith.
— Nous avons, mylord, les plus beaux spécimens qui soient au monde, exception faite du musée de Boulaq.
— Avez-vous des momies encore revêtues de leurs bijoux ?
— Non, dit Smith avec mauvaise humeur, mais nous avons de nombreux bijoux.
— Avez-vous des colliers d’or émaillé ? Quinzième dynastie ?
— Non, mais…
— Avec de gros cabochons d’émeraude ?
— Votre momie a été ensevelie avec de pareils bijoux ? demanda Smith, dont la curiosité s’éveillait.
— Voulez-vous la voir ?
— Certainement, dit l’égyptologue avec promptitude.
— Avez-vous des hommes capables de porter la caisse jusqu’ici ?
— Oui, nous la ferons déposer dans l’atelier où les caisses sont ouvertes. Je vais donner des ordres. Désirez-vous m’accompagner ?
Lord Charing acquiesça d’un signe.
— La caisse est-elle lourde ?
— Trois ou quatre hommes seront nécessaires pour la manier facilement.
— Bien !
Smith sonna. Le garçon de bureau entra, l’air inquiet.
— Jim, dites au chef d’atelier d’aller avec six ouvriers robustes prendre une caisse sur l’automobile de lord Charing. Qu’ils