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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/65

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dans un musée respectable comme le British Muséum, un objet aussi inconvenant.

— L’administration du musée n’a aucun respect pour les visiteurs !… Elle ne respecte pas davantage la pudeur des morts.

Il prononça plusieurs phrases du même genre et ameuta le public, qui se groupa autour de lui et l’approuva, sans comprendre d’ailleurs ce qu’il disait ; mais sa conviction suffisait à lui concilier ses auditeurs.

— Qu’a-t-on fait des bijoux ? continua le précepteur, abordant un autre ordre d’idées. Pourquoi a-t-on dépouillé cette jeune fille de sa légitime propriété ? A-t-elle fait un testament pour donner ses biens au Museum ? Non, n’est-ce pas ?

Et il prenait le public à témoin de son affirmation. Le public approuvait ; il était clair que la momie n’avait pris aucune disposition testamentaire en faveur du British Museum.

— Oui, reprit une vieille dame, où sont les bijoux de la momie ?

— Où sont les bijoux ? clamèrent d’autres vieilles dames.

Jeremiah Duncan suivait d’un œil attentif les mouvements du groupe : il crut devoir intervenir, jugeant le moment opportun.

— Les bijoux sont à leur place, dans les vitrines réservées aux bijoux.

— De quel droit les a-t-on mis là ? demanda Rogers.

— Ma foi, monsieur, c’est le directeur qui l’a fait.

— Comment s’est-il cru autorisé à le faire ?

— Je n’en sais rien, adressez-vous à lui. D’ailleurs, messieurs et dames, veuillez circuler.

Rogers resta cependant près de la momie, la regardant fixement. Cette insistance motiva une nouvelle intervention de Jeremiah Duncan.

— Circulez, monsieur, circulez !

Rogers ne répondait rien. Duncan lui