Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/76

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Ce démenti piqua au vif le rédacteur anonyme qui n’était autre que M. Douglas Rimpley, cousin de Leslie ; il alla trouver ce dernier, qui, craignant de se compromettre, refusa tout nouveau renseignement. Le journaliste ne se tint pas pour battu ; il s’enquit des habitudes du personnel, apprit que le veilleur de nuit Patrick Sullivan aimait à boire, et employa la tactique ordinairement usitée avec des ivrognes. Il emmena Patrick, le fit luncher avec lui dans un bon restaurant, et lui servit copieusement du whisky, ce qui rendit Patrick confiant, sensible et communicatif.

Ainsi le journaliste obtint le récit complet de ce qui s’était passé à la salle III. Cela lui permit de répondre à la note de Smith par un nouvel article, dans lequel il maintint ses premières affirmations ; il alla jusqu’à prétendre que si les bijoux avaient été retrouvés, l’administration n’y était pour rien.

Rimpley alla au musée le lendemain ; il constata avec plaisir que beaucoup de visiteurs entouraient la momie. Au milieu d’eux un beau jeune homme qui avait l’air d’un toqué se plaignait amèrement du manque de pudeur de l’administration. C’était Rogers ; mais personne encore ne connaissait son nom.

— Il est scandaleux, répétait le beau jeune homme, que l’on expose dans de pareilles conditions le corps de cette princesse.

Rimpley voulut interviewer l’inconnu, mais celui-ci ne semblait pas comprendre les questions du journaliste, et continuait son discours, en suivant le fil de ses idées.

— Oui, c’est scandaleux ! Cette jeune fille avait le corps entouré de bandelettes de lin ; pourquoi l’en avoir dépouillée ? C’était son vêtement.

» Que diriez-vous, monsieur — et Rogers s’adressait à un père de famille entouré de sa femme et de ses enfants — que diriez-vous si l’administration de ce musée vous exposait dans une vitrine, avec votre pantalon dans une autre vitrine ? »

Le père de famille se retira, effrayé d’une possibilité semblable.