Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/77

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Le verbiage de Rogers amusait Rimpley ; il en prit prétexte pour son article du soir, et rédigea une des plus amusantes charges de ce temps. Il accusait John Smith d’immoralité, et lui reprochait d’avoir enlevé à la momie ses bandelettes, seul vêtement qui lui fût resté.

Est-ce encore une coïncidence ? Dans la nuit, le vacarme fut terrible : les veilleurs n’en avaient jamais entendu de semblable. Dès le matin, en même temps que paraissait l’article du Daily Mail, des gardiens du musée prévenaient John Smith que la momie avait remis ses bandelettes !

Le chef des antiquités égyptiennes se contenta de lever les bras au ciel ; le sort lui était contraire.

— Qu’elle garde ses bandelettes, par le ventre d’Horus ! et qu’elle nous fiche la paix !

Rimpley fut enchanté. Il allait rédiger une nouvelle histoire, quand les discours incohérents de Rogers, encore présent, donnèrent à ses pensées une autre direction.

Le jeune homme, toujours dans cet état extraordinaire qui semblait l’isoler du monde extérieur et l’emprisonner dans un cercle étroit d’idées fixes, discourait de nouveau :

— Vous le voyez ! Elle a repris ses bijoux et son costume, la pauvre chère demoiselle. Mais il lui manque ses livres. Il faut les lui rendre, sinon elle se fâchera pour de bon.

— Vous avez raison, monsieur, dit Rimpley et vous parlez d’or. Puis-je vous demander votre nom ?

— Je m’appelle Améni, monsieur, répondit Rogers.

— C’est un nom étranger, sans doute. Vous êtes Anglais ?

— Non, je suis Égyptien.

— Au service du khédive ?

— Non, je suis conducteur du char royal du pharaon Amen-Hotep. À lui, vie, santé, force !

— Vraiment ? Et où demeurez-vous ?

— À Khoutaten, ma maison est bâtie sur le Nil, à gauche des jardins du palais royal.