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Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/128

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tions de Wagner. Ainsi il avait été amené à étudier non seulement l’œuvre artistique, mais les écrits théoriques, et la vie du maître. Et je me rappelle avec quelle imperturbable et souriante fermeté, à toute la fantaisie de mes interprétations il opposait le sens exact d’une scène, l’exacte indication des circonstances où elle avait été écrite, des préoccupations qu’elle traduisait, de tel passage d’une lettre ou d’un pamphlet où elle se trouvait expliquée. Jamais personne autant que lui ne m’a donné l’idée de ce que pourrait être une critique vraiment objective, une façon de biographie-critique, rattachant l’œuvre des artistes aux circonstances de leur vie et à l’évolution de leur pensée, nous donnant à chaque instant, avec l’image de ce qu’ils ont fait, l’image de ce qu’ils ont voulu faire, et l’explication des mille raisons de toute sorte qu’ils ont eues pour vouloir le faire.

Cette biographie critique de Wagner, je me rappelle que, tout de suite, dès notre première rencontre, je l’ai demandée à M. Chamberlain. Lui seul me paraissait en état de l’essayer : aujourd’hui encore je ne vois personne que lui qui y puisse réussir ; et j’avoue que rien ne m’a aussi profondément touché dans son nouveau livre, le Drame wagnérien, que cette phrase de l’introduction : « L’auteur de ce livre compte en