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de mettre à sa disposition leurs souvenirs et tout ce qu’ils gardaient de documents. L’autorité de M. Chamberlain est aujourd’hui universellement reconnue ; il est devenu, en quelque manière, l’interprète officiel de la pensée de Wagner. Et la haute valeur et l’intérêt exceptionnel de ses écrits proviennent toujours du point de vue où il s’est placé dès le début : parmi tant d’écrivains qui nous ont dit, chacun à sa façon, ce que Wagner avait fait, lui seul s’est attaché à découvrir ce que Wagner avait voulu faire. Pour comprendre et apprécier l’œuvre wagnérienne, il s’est mis du côté de Wagner. Au lieu de venir s’asseoir avec nous dans les rangs du public, il est monté sur la scène, et c’est de là qu’il nous parle, incomparablement renseigné sur ce qui s’y passe.

Son petit livre est précisément destiné à nous instruire des véritables intentions qu’a eues Wagner en écrivant ses drames. Et ces intentions peuvent toutes se l’amener à celle-ci : en écrivant ses drames, Wagner a voulu écrire des drames. Entendez par là qu’il n’a cherché à faire ni des symphonies accompagnées de paroles, ni des opéras, mais de vraies pièces de théâtre où la musique, les paroles et le jeu des acteurs forment les éléments inséparables d’une action d’ensemble. Wagner n’a été ni un poète, ni un