Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/131

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musicien, mais un auteur dramatique : lui-même déjà nous en avait prévenus ; mais M. Chamberlain nous le redit après lui, et de plus nous le prouve. Il nous fait voir que, dès sa jeunesse, Wagner a été préoccupé de la conception d’un art dramatique idéal. L’influence du musicien a bien, dans les débuts, contrebalancé celle du dramaturge ; pas un instant elle ne l’a supprimée. Et si, jusqu’en i848, Wagner a composé des opéras, ce n’est point que jusqu’alors il ait été un simple musicien ; c’est que, faute de pouvoir réaliser sous une forme plus parfaite son idéal du drame, il en était réduit à se contenter de celle-là.

Il y a cependant encore une autre intention de Wagner qu’il est important de connaître, et que M. Chamberlain a mise en lumière avec une précision, une justesse, une pénétration admirables. Wagner n’a pas seulement voulu écrire des drames, mais des drames musicaux, c’est-à-dire des drames qui non seulement nous présentent les actions et les pensées des personnages, mais expriment encore leurs émotions, et nous offrent ainsi le fond même de leurs âmes. Tout le reste, choix de sujets mythiques ou légendaires, coupes de scènes, procédés de composition et de déclamation, tout cela est accessoire, ou plutôt tout cela est subordonné à cette