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Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/169

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ténèbres dont il l’a enveloppée, je crois que l’on trouverait une philosophie très profonde et très belle; mais, pour exprimer cette philosophie, ce n’est pas seulement le loisir et l’expérience littéraire qui lui ont manqué ; c’est encore cette éducation philosophique spéciale sans laquelle les plus hauts penseurs restent toujours incapables de donner un corps à leur pensée. De là vient peut-être que M. de Wolzogen lui-même ne paraît pas avoir entièrement compris la philosophie de son maître. Mais il en est tout autrement des questions artistiques : rien n’empêchait Wagner d’y exercer librement son intelligence ; et, s’il paraît avoir eu un goût assez fâcheux en matière de peinture et de décoration, aucun artiste n’a, en revanche, approfondi davantage l’essence des arts, leurs relations réciproques, leurs ressources et leurs limites.

Aussi ne saurait-on trop remercier M. de Wolzogen de nous avoir transmis sur ces matières la pensée de son maître, sous la forme vivante dont il la revêtait dans ses entretiens familiers. Il n’y a pas un détail de cette pensées qui ne mérite d’être signalé. Je m’en tiendrai ici à ce qui touche la musique ; mais il m’en coûte vraiment de ne pouvoir pas citer quelques-unes des opinions de Wagner sur les rapports de l’art et de la religion, sur la littérature, sur