Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/171

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Figaro. En faveur du génie de Mozart, il excusait tout, dans son œuvre. Les formules italiennes de ses opéras, ses cadences et ses ritournelles lui paraissaient légitimées par le caractère léger et comme en demi-teinte de son inspiration. Et, de fait, il est certain que, avec Weber, c’est Mozart qui a toujours eu le plus d’influence sur la musique de Wagner. La Walkure, Siegfried, voire Tristan et les Maîtres Chanteurs, ce sont, dans une autre langue, les mêmes élans de sensualité, les mêmes caresses harmoniques, les mêmes expressions pleines de langueur et de féminité. J’ajoute que seule la musique de Mozart a produit en son temps les eff’ets d’excitation nerveuse que produit aujourd’hui la musique de Wagner. Pendant cinquante ans, malgré Beethoven et Rossini, Schumann et Chopin, c’est aux adagios de Mozart que se pâmaient les jeunes femmes, comme aujourd’hui au prélude de Tristan. Et Wagner lui-même avouait à ses confidents que Mozart lui causait une jouissance physique plus vive que tout autre musicien. Mais si son tempérament d’artiste le portait davantage vers Weber et Mozart, sa raison ne pouvait tarder à lui faire voir que Beethoven était un maître plus digne encore de sa vénération Sur l’œuvre musicale de Wagner, l’influence de Beethoven a été à peu près nulle : elle s’est bor-