Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/181

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lieu de se borner à l’admirer de confiance, comme faisait, autour de lui, tout le petit monde wagnérien : et tout de suite il a découvert certaines particularités assez surprenantes. Il a constaté notamment que l’édition allemande du livre, présentée par Præger comme la traduction de l’édition anglaise, différait de celle-ci presque sur tous les points. Dans l’édition anglaise, Wagner, interrogé sur la façon dont il avait trouvé un motif, répondait : « Oh ! j’ai cherché et cherché, réfléchi et réfléchi, avant de mettre enfin la main sur ce motif ! » Dans l’édition allemande, la réponse est tout autre : « Hé ! dit Wagner, ce sont choses qui me viennent ainsi sans que j’y pense ! »

Dans les lettres de Wagner, mêmes différences. Pas une phrase qui fut tout à fait pareille, en anglais et en allemand. Une lettre écrite en français, dans les deux éditions, cette lettre-là même était donnée en deux versions différentes. Il y avait là de quoi rendre suspect le livre de Prœger. M. Chamberlain l’a alors analysé de plus près encore ; et le résumé de son enquête, qu’il publie dans les Bayreuther Blaetter, est un chef-d’œuvre de patience et de dialectique. Je ne vois à lui comparer que la série fameuse des raisonnements de Zadig, dans le conte de Voltaire. Démontant phrase par phrase les affirmations