Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

venus à ce point d’intimité que la séparation de nos corps ne nous séparait plus : nous étions unis à travers l’espace, et l’échange continuel de nos idées nous montrait sans cesse davantage combien profondément nous nous comprenions l’un l’autre ».

Et pour ceux qui seraient étonnés de cette importance que Wagner attachait aux idées de son ami, Præger ajoute que c’est lui qui, dans une visite à Zurich, en 1856, a suggéré le sujet et le plan de Tristan et Isolde.

Aussi son livre n’a-t-il point manqué de mettre en émoi tout le monde musical. Et l’émoi a été d’autant plus fort que Præger, pour mieux attester sans doute le caractère tout intime de son amitié, ne perdait pas une occasion de dire de Wagner tout le mal possible, le représentait comme un homme lâche, débauché, menteur, et publiait même une lettre où Wag^ner parlait de sa première femme en des termes tout à fait fâcheux.

Les anti-wagnériens (car, chose à peine croyable, cette espèce existe encore) tromphaient ; les wagnériens baissaient la tête, devant l’impérieuse évidence des faits.

C’est alors qu’est intervenu M. H. S. Chamberlain. Le livre de Prœger lui étant tombé sous la main, il a eu l’idée de le lire d’un peu près, au