Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/189

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métaphysiques dont il prétendait le déduire et les corollaires moraux dont il l’accompagnait : sans compter que, avec son goût des théories, il avait bien conscience d’être avant tout un artiste, à tel point qu’il avouait lui-même les désaccords de son œuvre et de sa doctrine. Les idées abstraites l’attiraient, le passionnaient, mais il n’était tout à fait à l’aise que dans la musique. Elle seule avait pour lui, quoi qu’il en eût, une importance essentielle : la musique, et tout particulièrement cette musique nouvelle, qu’il avait créée.

Comment supposer que, dans ces conditions, il ait éprouvé pour le jeune philologue de Naumbourg un « attrait » instinctif, et surtout qu’il ait été attiré vers lui par « une communauté de pensées » ? Comment admettre, entre ce vieillard glorieux et ce petit professeur, une « réciprocité d’admiration et d’adoration » ? Wagner fut flatté de l’enthousiasme du jeune homme; il fut aussi frappé de sa science, de son esprit, de sa profonde familiarité avec les poètes grecs. Et il l’accueillit avec une faveur des plus marquées, se disant sans doute qu’on ne pouvait trop souhaiter de voir tous les philologues allemands ressembler à celui-là. « Ne manquez pas de revenir chez nous, lui écrivait-il le 3 juin, faites-vous bien connaître de nous! Le commerce de mes