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musique de mon dernier acte. » Une autre fois. il dit à Nietzsche qu’il le place, dans son cœur, entre sa femme et son chien. Il l’encourage à aller entendre Tristan et Isolde. « Seulement, luirecommande-t-il, ôtez vos lunettes ! » Conseil où il ne faut voir rien de symbolique : car Wagner voulait dire simplement que, pour un bon wagnérien, la musique de son drame devait avoir plus d’intérêt que les décors, et le jeu des acteurs, et l’action elle-même.

Sa reconnaissance, d’ailleurs, ne se bornait pas à ces conseils, et à ces compliments. Il publiait, le 23 juin 1872, dans la Gazette de l’Allemagne du Nord, un grand article sur le livre de Nietzsche où il reprenait pour son compte la thèse exposée par le jeune professeur. L’année suivante, à la fête qu’il donnait pour la pose de la première pierre de son théâtre, il le faisait asseoir en face de lui, à la droite de Mme  Wagner. Et sans cesse il lui écrivait, s’inquiétant de sa santé, l’invitant à venir passer ses vacances à Bayreuth, le tenant au courant de tout ce qu’il faisait.

Le jeune homme lui ayant adressé, en septembre 1873, un exemplaire de sa brochure sur David Strauss, Wagner lui répondait que, de son côté, il s’était mis depuis trois mois déjà à l’instrumentation du Crépuscule des Dieux. « Et