Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/192

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vous croyez peut-être que j’ai fini ? poursuivait- il. Hélas ! je pourrais marquer d’une croix sur mon calendrier les jours où j’ai trouvé le loisir de travailler à ma partition. À peine je commence, que m’arrivent des lettres, ou d’autres aimables nouvelles qui, m’obligeant à rentrer en rapport avec le monde extérieur, coupent du même coup mon pauvre « génie ». Voilà maintenant que me tombe sur la tête votre David Strauss, et voilà encore que votre collègue Overbeck m’envoie son livre sur la christianisation de la théologie ! C’est à en devenir enragé, comme l’était devenu ce scalde islandais, Égile, dont je vous ai déjà — je crois — raconté l’histoire. Rentrant chez lui après une longue traversée, ce bon poète avait trouvé, déposé sur sa table, le bouclier d’un de ses amis. — « Allons ! s’était-il écrié, il m’a encore apporté cela pour que j’en fasse un poème ! Y a-t-il longtemps qu’il est parti ? Je veux le rattraper et lui casser les reins ! » Mais il n’avait pu le rejoindre ; il était rentré dans sa maison, avait bien considéré le bouclier, et… il en avait un poème ! Pour ce qui est d’Overbeck, il n’a qu’à venir ici, s’il désire son poème. Et pour ce qui est de vous, je vous jure que je vous tiens pour le seul homme sachant ce que je veux ! »

Le 27 février 1874, en réponse à l’envoi de