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Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/195

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d’avis que vous devriez vous marier, ou composer un opéra. L’un et l’autre de ces deux partis auraient pour vous les mêmes avantages et les mêmes inconvénients. Pourtant je crois que le mariage vaudrait mieux… Voulez-vous, en attendant, un palliatif ? Venez ici l’été prochain. Les occupations ne vous y manqueront pas : je compte passer en revue tous nos chanteurs de l’Anneau du Nibelung ; le décorateur est en train de peindre, le machiniste organise la scène, etc. Mais… on connaît l’humeur bizarre de l’ami Nietzsche ! Et je ne veux plus rien vous dire, c’est peine perdue. Ah ! Dieu ! mariez-vous donc, et avec une femme riche ! Et puis vous voyagerez, et vous vous approvisionnerez de cette expérience qui vous paraît si enviable. Et puis : l’été prochain, répétitions à Bayreuth, avec l’orchestre, et en 1876… Je prends des bains tous les jours. Prenez-en aussi ! Et mangez de la viande ! Et croyez-moi bien à vous de tout cœur. Votre fidèle Richard Wagner. »

Nietzsche s’abstint de venir à Bayreuth l’été suivant : mais Wagner avait tant à faire qu’il ne paraît pas s’en être aperçu. Sa joie fut grande, en revanche, lorsque, en 1876, à la veille des représentations, il reçut un nouveau livre du jeune philologue, consacré tout entier à l’œuvre de Bayreuth. « Ami, lui écrit-il aussi-