Page:Wyzewa - Beethoven et Wagner, 1898.djvu/196

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tôt, votre livre est immense ! Où avez-vous appris à me connaître aussi bien ? Arrivez vite ! Venez vous préparer par les répétitions à l’impression de la première ! Votre Richard Wagner. »


L’heure de la bataille suprême allait sonner, pour Wagner. Le vieux maître allait inaugurer son art, dans son théâtre. Il allait recueillir le fruit de trente ans d’efforts, de souffrances et d’inquiétudes. Et il se réjouissait ingénument de la joie qu’il allait offrir à ses admirateurs. Nietzsche, en particulier, qui avait si vaillamment combattu pour la cause, comme il allait être heureux de la voir triompher ! Comme la perspective de pouvoir assister bientôt aux répétitions allait être pour lui une douce récompense !

Nietzsche vint, en effet, assister aux répétitions. Mais il était d’humeur plus bizarre, plus hargneuse que jamais. C’est à peine si Wagner l’apercevait de loin en loin, promenant sa tristesse parmi la joie bruyante des autres wagnériens. Et puis, brusquement, un beau jour, on apprit qu’il était parti. Pourquoi ? Personne ne le savait, et personne d’ailleurs ne se souciait de le savoir. On avait, à cette heure décisive, bien autre chose en tête ! Et comme on l’avait laissé