volontaire unité de leur ton musical : développement logique et nécessaire d’un motif : agencement sage des syllabes, dans le motif même, afin de produire une émotion totale. En exemple, ces quelques vers :
Dans « le Guignon » :
Au-dessus du bétail écœurant des humains
Bondissaient par instants les sauvages crinières
Des mendieurs d’azur perdus dans les chemins[1].
Dans « l’Apparition » :
La lune s’attristait : des séraphins en pleurs,
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles[2].
Dans « les Fleurs » :
Et tu fis la blancheur sanglotante des lys,
Qui roulant sur la mer de soupirs qu’elle effleure,
A travers l’encens bleu des horizons pâlis,
Monte rêveusement vers la lune qui pleure ![3]
M. Mallarmé a renié, — comme il sied à l’artiste allé plus loin, — ces premiers poèmes, écrits dans la période, — si l’on veut, — de sa compréhensibilité. Ils restent, cependant, les productions parfaites d’un