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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/161

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VILLIERS DE L’ISLE-ADAM

phiques, conclusions également issues de son anormale nature. Et il enfanta, sans arrêt, de princières histoires, vécut les vies des personnages qu’il rêvait, se livra joyeusement à la création de surhumains univers.

Les sujets de ses récits ? Il prit volontiers pour sujets ses mêmes théories philosophiques. Les romans et les contes de M. de Villiers sont. généralement, des symboles. Mais leur signification symbolique n’est point leur unique objet. Ils ne ressemblent pas aux récits symboliques d’autres écrivains, récits spécialement inventés pour être les représentations de doctrines. Dans les contes et romans de M. de Villiers, l’histoire vaut pour elle-même : elle est une histoire véritablement vécue et racontée, mais conçue, inconsciemment peut-être, sous l’influence d’une doctrine dont elle devient l’image. La philosophie, en effet, n’était pas pour M. de Villiers un métier, ou quelque vain amusement. Elle avait modifié, dans son âme, tout l’aspect de la vie. Et ainsi lui fut donné d’être ensemble un artiste et un philosophe, comme jadis Platon. Il a pu vivre les événements et les pensées qu’il racontait, en même temps qu’il les imprégnait de sa métaphysique.

Et quels sont-ils, les personnages ainsi recréés ? Des êtres surhumains, démesurément élevés au-dessus de nos petites âmes communes, se mouvant parmi d’héroïques paysages fabuleux, en des attitudes grandioses. Des jeunes femmes étrangement royales, alliant à la mystérieuse beauté de leurs chairs pâlies une parfaite et toute-puissante science.