Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
170
NOS MAÎTRES

pour la poursuivre sous d’autres aspects, la théorie des personnages précédents. Dans la Lettre à M. Berthelot, la gradation des sciences, formes successives de l’histoire unique, nous est montrée, et leur contiguïté, et qu’elles s’enchaînent depuis la métaphysique première jusqu’à la politique, comme s’enchaînent les notions, depuis l’axiome originel jusqu’aux plus menus préceptes pratiques.

L’œuvre de M. Renan révèle encore une autre certitude dogmatique constante : car nous voyons qu’il y admet, pleinement, la conception évolutionniste de l’Univers.

Non point qu’il se rallie sans réserve à la doctrine modèle du Transformisme, énoncée par Darwin, posée en système total par M. Herbert Spencer. En maints endroits, M. Renan se sépare de ces philosophes ; et toujours il emploie des formules différentes. Mais la théorie évolutionniste, dont ils ne sauraient d’ailleurs avoir la prétention d’être les inventeurs, est un fondement invariable aux affirmations de M. Renan, dans les problèmes scientifiques.

Il croit que l’Univers est le résultat d’une lente transformation ; que l’histoire de cet Univers est l’histoire d’une marche continue ; que la loi de cette marche est le passage de l’état homogène à un état hétérogène. « Le temps, dit-il, est le grand Facteur Universel. » Le monde est en mouvement, et son mouvement se fait par une rupture d’équilibre, par la désagrégation nécessaire des éléments simples.

Cette conception générale inclut des principes