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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/188

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NOS MAÎTRES

transformation indéfinie, s’allongeant d’un état plus simple à des états plus complexes. Mais, dans cette théorie, l’origine objective de l’évolution n’est plus un problème.

L’idéalisme, en effet, ne s’occupe pas de déterminer l’être simple initial, puisque l’Univers est la création tout apparente de l’âme, et que l’âme crée ses idées, nécessairement, sous le mode de la relation, de la multiplicité. Les Idéalistes, construisant leur système évolutionniste du monde, s’arrêtent volontiers à l’état le plus homogène concevable, ne se souciant point de nier que cet état plus homogène soit déjà composé. L’Univers est une apparence : il est l’objet de la science ; mais toute métaphysique doit débuter par la négation de cet Univers.

Le Positivisme et l’Idéalisme, ce sont les deux premières solutions au problème métaphysique. M. Renan en admet une troisième. Il croit que l’Univers est réel, que nos sens nous donnent les images adéquates des êtres extérieurs ; il affirme la réalité objective et absolue de l’Évolution, se condamnant ainsi à chercher la cause et la substance des choses. Et dans ses efforts métaphysiques, — efforts que, toujours ironique, il nomme ses certitudes — les faiblesses abondent, les contradictions.

D’abord, c’est une confiance étrange, — étrange surtout chez le sceptique que veut être M. Renan — dans la valeur absolue de la raison humaine. Au début des Dialogues philosophiques, le positiviste Eutyphron émet l’avis que, peut-être, notre