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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/191

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RENAN ET TAINE

Création Continuée des Catholiques par la théorie, — au fond plus irrationnelle, et non moins providentialiste, — de l’Harmonie Préétablie. C’est la doctrine de la Vertu, qui est, pour M. Renan, une duperie de la Nature (toujours cette Nature qui agit et qui n’existe pas !). Pour obtenir notre collaboration à sa tache. Dieu nous donne l’illusion d’un devoir à exécuter : et M. Renan déclare que ce Dieu n’agit point par des volontés, des actions particulières ! Paralogismes et contradictions ! Le tout faute de s’être résigné à tenir la Science pour ce qu’elle était, faute d’avoir compris le monde externe comme une pure apparence, et pour avoir voulu injecter de formules métaphysiques et idéalistes la théorie, toute positive, de l’évolution !


Peut-être aurais-je dû insister davantage sur ces théologies, où s’attarde si volontiers M. Renan. J’ai voulu montrer, seulement, qu’elles étaient la conséquence inévitable et funeste d’une croyance erronée à la réalité objective de l’Univers. Cette croyance doit aboutir à l’absurdité ; et M. Renan, dans sa Lettre à M. Berthelot, l’a sagement reconnu. Il avoue que la métaphysique de l’Evolutionnisme est fatalement impossible. « C’est ici que notre raison s’abîme, que toute science s’arrête, que les analogies se taisent. Les antinomies de Kant se dressent en barrières infranchissables ; on entre dans une série sans fin de contradictions ou de cercles vicieux. »

Platon, jadis, était sorti triomphalement de cette série. Il avait appelé la matière par son vrai nom :