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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/213

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RENAN ET TAINE

le même que voyaient alors toutes les âmes généreuses, le même qu’a vu Michelet dans les trois volumes, si injustement dédaignés, de son Histoire du xixe siècle. Mais aujourd’hui nous préférons à cette froide et sombre figure d’aventurier italien un Napoléon plus voisin de nous, plus aimable aussi, et tel que nous puissions transporter sur lui notre besoin grandissant de pitié et d’admiration. C’est, je crois, ce qui explique le succès du livre de M. Masson. Nous y trouvons un grand homme qui désire, qui sent, qui souffre comme nous. Les soucis du monde qu’il porte sur ses épaules ne l’empêchent pas d’otfrir tour à tour à Joséphine, à Mme Walewska, à Marie-Louise, un pauvre cœur amoureux plein de passion et d’ingénuité. Nous l’admirons, nous le plaignons : et il n’en faut pas davantage pour faire de lui, désormais, le seul Napoléon véritable.