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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/216

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NOS MAÎTRES

c’était un homme. M. Taine était une méthode, un prodigieux ensemble de procédés et de formules, la machine littéraire la plus compliquée, la plus harmonieuse, lapins parfaite qui se puisse imaginer. Mais les machines les plus parfaites, quand un accident les a détruites, on peut encore garder l’espoir de les reconstruire. Il y faut seulement les qualités qu’il a fallu pour les construire d’abord : une raison ferme et sûre, des mains robustes, beaucoup de patience et de volonté.

Et de fait, avant même la mort de M. Taine, un jeune écrivain s’était trouvé pour reprendre sa méthode, et avec des chances de succès d’autant plus grandes qu’en outre de précieuses qualités naturelles il était, je crois, le parent et l’ami de M. Taine, infiniment plus à portée que tout autre, ainsi, pour le remplacer.


On n’a pas oublié l’agréable surprise que produisit, il y a deux ans, la publication dans la Revue des Deux Mondes des notes sur l’Inde de M. Chevrillon. À peine la première partie en avait-elle paru que déjà l’on découvrait en M. Chevrillon un nouveau Loti, un Loti mieux renseigné et plus philosophe. J’avoue qu’il me fut impossible, d’abord, de prendre ma part dans cet enthousiasme. J’admirais la conscience, l’exactitude, la variété des études de M. Chevrillon, mais je n’y trouvais pas cette passion de voir, cette curiosité naturelle et profonde, ni cette spontanéité et cette fraîcheur