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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/260

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NOS MAÎTRES

recueillant dans une image d’ensemble tout ce que peuvent lui fournir de détails significatifs la vie, la pensée, le style d’un auteur. On sait comment, sous prétexte de critique, M. Lemaître et M. France se sont amusés à traiter tour à tour tous les genres, nous donnant, à leur gré, des poèmes, ou des contes, ou des rêveries philosophiques, ou bien encore nous intéressant, avec mille grâces délicates, aux subtils détours de leurs impressions.

Mais ces formes de critique n’ont de prix, à dire vrai, que par Toriginalité et le talent des maîtres qui les ont pratiquées. Il en existe d’autres, en même temps, qui me semblent avoir des caractères plus fixes, une portée plus précise, et pouvoir être ainsi plus aisément définies : ce sont celles qui se proposent pour but, non point de juger les œuvres d’art, mais de les expliquer, d’en montrer la vraie signification, de projeter sur elles la lumière qui convient. Au lieu de faire de la critique une peinture ou une confession, elles en font, en quelque sorte, une variété de l’histoire. Elles mettent les œuvres à leurs places, dans le temps ; et, pour nous aider à les comprendre, elles nous racontent les circonstances diverses qui ont précédé, accompagné, suivi leur apparition.


Entendue ainsi, la critique n’est plus guère une critique ; mais le titre importe peu, et l’on comprend que, critique ou histoire, une telle façon de traiter