ET LES PRÉTENTIONS DE LA SCIENCE
À une nourrice très vieille et un peu savante (sans être cependant diplômée), on manda jadis le soin de mes premiers ans. Consciencieuse éducatrice, elle m’enseignait les subtiles lois de la vie : de la vie telle qu’elle la comprenait, et non de celle qu’on peut trouver exposée dans les manuels scolaires. Même elle avait pressenti la valeur pédagogique des leçons de choses : car c’est en d’abondantes narrations qu’elle développait cette science, destinée à me former un esprit. J’ai gardé un souvenir assez net de quelques-unes des instructives histoires ainsi entendues, encouragé encore à m’en souvenir par leur fréquente, invariable répétition. Voici l’une d’elles : longuement elle m’était contée par les claires soirées de printemps, tandis qu’auprès de nous coulait, avec un murmure, le bon Dniester un peu gelé. Mais je voudrais à votre intention l’abréger, la débarrasser des vaines métaphores, épithètes et généalogies, la réduire enfin à être