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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/286

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NOS MAÎTRES

quelque chose comme ce « noyau de faits » que réclame — n’est-il pas vrai ? — notre science moderne.

Le vieux roi Modyslas avait donc une fille plus belle qu’une mûre, la douce Marysia : et il s’occupait à régner dans un royaume très ancien. Mais un jour la douce Marysia fut saisie d’une fièvre inconnue — par grande exception — aux deux médecins du pays. Elle refusait tout remède, elle allait mourir, sans même laisser un gendre au bon vieux Modyslas. Alors un jeune pâtre, nommé Chalek, vint au château royal, apportant avec lui une herbe (probablement quelque camomille) qui se chargeait de guérir les fièvres ignorées. Et, comme Marvsia refusait d’absorber de cette herbe, même en tisane ou sirop, Chalek la regarda fixement dans les yeux : puis, il mit l’herbe sur la tête de la moribonde princesse ; et du premier coup elle fut guérie.

Mais voici que, fatigué de ses veilles et de ses angoisses, le vieux roi tomba malade à son tour. On manda Chalek, comme vous pouvez penser : mais cette fois l’herbe était impuissante. Alors le jeune pâtre regarda de nouveau dans les yeux la princesse Marysia ; et puis il lui ordonna de dire, en latin, le nom et les caractères de la maladie dont souffrait son auguste père. Et Marysia dit tout cela, en latin, et même le remède, qui guérit aussitôt le monarque. Chalek reçut un porte-monnaie rempli d’or, et quitta le pays.

Mais ce n’est jamais sans dommage qu’un jeune berger regarde longtemps dans les yeux une