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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/291

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LA SCIENCE

reposait sur cette vérité, que toute métaphysique en devait partir. Ainsi l’on m’exhiba les empiristes, ou évolutionnistes, qui admettent que le monde se crée au hasard, mais sous la domination de lois, et qui vont jusqu’à décorer ces lois de beaux termes anglais. On m’exhiba encore, parmi cent autres variétés de métaphysiciens, les théistes, qui prouvent l’existence d’un être parfait par la pérennité des lois naturelles, et aussi par les miracles, c’est-à-dire la suspension possible de ces lois. Et. comme mon vénérable conseiller ajoutait, en façon d’argument a posteriori, que son crayon tomberait à terre, s’ill’en laissait libre, et comme effectivement son crayon tomba, je reconnus avec certitude que l’ordre des choses dans l’univers devait être immuable, pour rendre possibles, à chaque moment, de telles prévisions.

Dès lors je résolus de ne point rentrer chez moi avant de posséder cette science, qui avait décrété les lois universelles du monde. Et je m’attachai surtout, naturellement, aux hjis qui périmaient les niaises narrations de ma pauvre nourrice. J’aperçus que chacun des mots par elle proférés — sauf peut-être quelques épithètes — était une injure grave, mais heureusement sans effet, à l’égard de maintes lois aimées : que, par exemple, la camomille dégageait l’estomac en s’y introduisant, mais non lorsqu’on en frottait le cuir chevelu d’un malade ; que les jeunes filles, même lorsque les bergers les avaient regardées dans les yeux, ne pouvaient point deviner les secrètes maladies de leurs pères ; que, pour mander à soi un homme, de