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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/300

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NOS MAÎTRES

ployèrent à me rassurer, a Oh ! la science impossible, chantèrent-ils, quelle folie ! mais les lois sont l’essence du monde, et rien n’est plus important que de les connaître. Seulement la science européenne était fausse, mal engagée. Nous allons la démolir et vous offrir une science neuve, neuve pour vous du moins, mais admise depuis la création du monde — et sans doute même antérieurement — par les Yoghis boudhistes de l’Inde. Voici cette vraie science : il y a trois substances, la matière, l’âme et l’esprit. L’esprit peut vivre isolé de la matière, qu’il domine. Il peut adopter diverses compagnies matérielles, agir à distance, se promener en dehors de l’àme et de la matière. L’esprit peut envoyer des lettres sans le secours d’une administration des postes, en décomposant les molécules de la lettre, puis en les contraignant à se recomposer, lorsqu’elles sont parvenues à leur destination. »

Science pour science, j’allais m’assimiler celle-là, mais je me sentais une certaine méfiance désormais contre toutes les sciences. La lecture des livres de M. de Guaita, de M. Dramard, m’y fortifia encore. J’y vis que la science — cela est le seul point commun à tous les auteurs — est éternelle, nécessaire, et qu’il y a des lois permanentes hors de nous. Mais ces messieurs m’assurèrent que toutes les sciences antérieures étaient des sciences exotériqites, ce qui signifie, en grec, faites pour nous mettre dedans. La science véritable, le bon reflet, est ésotérique, c’est-à-dire réservé aux initiés ; et encore ces initiés, — sans doute, n’existent-ils