Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
289
LA SCIENCE

pas, car M. de Guaita, comme M. Dramard, comme tous les écrivains de l’occultisme moderne, s’arrêtent scrupuleusement au seuil du mystère, nous laissant un peu à entendre qu’ils n’ont point l’hermétique clef qui y donne accès.

Ah ! je ne voulais point être exotérisé ! Je voulais une vraie science, une science capable de confondre ma nourrice ; et on m’offrait un choix de sciences en simili, à l’usage du public, s’avariant l’une l’autre. Je pris un parti formel : ma nourrice était l’innocente cause de mon angoisse : eh bien ! c’est à elle que je m’adresserais pour m’en délivrer ! Elle était morte ? Tant mieux ! j’évoquerais son esprit !

Je courus à l’agence médiumnitique, installée, comme on sait, dans un pompeux entresol de la place Vendôme. L’agence est en même temps, — sans doute, pour utiliser le local — une agence de nourrices à domicile et sur lieu : on y peut avoir, à son gré, une médium ou une allaiteuse. Cette coïncidence, je ne sais trop pourquoi, me donna grand espoir. Je choisis un des soixante sujets médiumnitiques en ce moment disponibles : un vieillard chauve, pensif, qui avait tout l’air d’un professeur de philosophie, mais qui me jura avoir été toute sa vie conducteur d’omnibus. Je l’amenai chez moi, et, me méfiant des hallucinations, n’ayant toutefois sous la main ni appareils photographiques, ni phonographes, j’invitai du moins plusieurs personnes à contrôler mon expérience.