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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/321

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LA SCIENCE

malheureux a été sur-le-champ flétrie et châtiée. Songez donc : un cataplasme, à Paris, en 1894 !

Les médecins sont désormais les maîtres du monde. Ils décident à leur gré du sort des criminels ; et le sort des innocents est soumis, de plus en plus, à leur fantaisie. Et d’autant plus j’admire le courage de M. Léon Daudet, qui, après les avoir longuement et consciencieusement observés, n’a pas craint de nous les présenter tels qu’il les a vus. Toutes les espèces du médecin d’aujourd’hui, vous les rencontrerez dans son livre, depuis le héros jusqu’au simple brigand. Vous y rencontrerez même des espèces que, sans doute, vous ne soupçonniez pas : ainsi l’ovariotorniste, qui épargne aux femmes les ennuis de la maternité : ou simplement le dîchotomiste, qui partage l’argent qu’il extorque à ses clients avec les médecins qui les lui amènent.


D’un bout à l’autre du livre, c’est une foule de figures qui s’agitent et vivent, avec une extrême variété d’attitudes et de caractères. Déjà dans un roman précédent, l’Astre noir, M. Léon Daudet avait attesté de précieuses qualités d’invention et de style. Mais c’était encore un livre plutôt bizarre, avec trop d’actions diverses et trop de théories. Les Morticoles ne sont plus rien qu’un beau livre ; peut-être seulement paraîtra-t-il trop long pour le goût du jour, qui veut de petites pages sur de petits sujets avec de petites idées. Il est composé sur un plan d’une simplicité toute classique, sur le