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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/331

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LA RELIGION DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTÉ

Mais la vie de Jésus ne convient guère pour un sujet de roman, sans compter que quatre poètes élus de Dieu nous l’ont chantée pour toujours. Et il n’y a jamais eu. au contraire, de plus romanesque figure que celle de saint François d’Assise, jamais de plus singulière, de plus émouvante, ni qu’il soit plus agréable de voir ressusciter devant nous.

M. Sabatier l’a ressuscitée telle que la désirait notre cœur. Ne croyez pas au moins que, pour l’avoir dégagée de quelques légendes désormais inutiles, il lui ait enlevé son caractère surnaturel, cette auréole légère qui entoure son front dans les vieux tableaux, et dont les siècles n’ont pu ternir le délicieux éclat. Le François d’Assise de M. Sabatier n’est pas un homme, c’est un saint. M. Sabatier nous dit bien, dans un appendice, qu’il n’admet pas la possibilité des miracles : ce qui est assez déraisonnable, pour peu qu’on cruie davantage à Dieu qu’à la science humaine. Mais, sans doute, il n’a joint à son livre cette déclaration que pour se mettre en règle avec l’esprit de son temps, car il ne manque pas de nous raconter, quand il les trouve sur son chemin, les grands miracles de saint François, non pas en vérité ses songes, mais les guérisons qu’il a opérées, et la glorieuse récompense qu’il a reçue de sa conliance en Jésus, et surtout tant de tristesses qu’il a consolées, tant d’inquiétudes et de souffrances qu’il a changées en une joie profonde, par la seule grâce de son miraculeux sourire.