Oui, nous avons enfin une image non seulement de la vie, mais de l’âme de ce doux saint : une mage expressément destinée à notre vision d’à présent, comme les Fioretti l’étaient à la vision du moyen âge, et le Panégyrique de Bossuet à celle des chrétiens du xviie siècle : car, à défaut de la vérité historique, qui est pure chimère, il est bon que chaque temps ait un portrait nouveau de ceux qui furent grands par-dessus les temps. M. Sabatier nous a montré saint François d’Assise tel que nous pouvions le comprendre. Nous savons maintenant combien était sage ce petit mendiant qu’on a pris pour un fou. Nous nous expliquons les motifs qui ont amené Lucas Signorelli et André del Sarto à le représenter parmi les docteurs : il a été le premier des docteurs, et personne n’a enseigné avec une éloquence plus réelle la doctrine du salut.
« Car il résista au monde, et à son père lui-même, pour l’amour de cette femme à laquelle, comme à la mort, nous tous nous fermons notre porte ; — et devant la cour spirituelle, et devant son père, il s’unit à elle, et puis de jour en jour il Faima plus vivement ; — et elle, veuve de son premier mari pendant mille et cent ans et plus, délaissée et obscure, elle avait attendu jusqu’à lui sans être recherchée de personne. »
Cette femme dont parle Dante est la pauvreté : depuis mille et cent ans et plus elle était veuve de Jésus, qui s’était uni à elle comme à la seule compagne qui méritât d’être aimée. Et saint Fran-